Jordane Fauvey, professeur d’espagnol et enseignant à l’UFC a publié un article sur la relation entre le peintre Joaquín Sorolla et l’auteur Vicente Blasco Ibáñez dans le numéro de février 2019 de la revue Prometeo.
Jordane Fauvey (1983) est professeur d’espagnol au collège Louis Pasteur d’Arbois (Jura), enseigne à l’université de Franche-Comté et à l’université ouverte.
Docteur depuis 2012, il publie des articles, donne des conférences et écrit depuis sept ans une monographie sur le peintre Joaquín Sorolla (1863-1923). Il a collaboré l’an dernier avec le Musée Vicente Blasco Ibáñez de Valence.
Son article est sorti il y a quelques semaines dans la revue Prometeo. Ce texte a suscité l’intérêt du journal Levante qui a publié une interview de M. Fauvey le 15 mars dernier.
Vous en trouverez un extrait ci-dessous:
« La relation avec l’écrivain et homme politique républicain demeurait mal connue, on ignorait jusqu’à la date de leur rencontre. Le Franc-comtois démontre que celle-ci a lieu durant l’été 1895 et qu’elle ne doit rien au hasard puisqu’elle intervient à un moment clé de la carrière des deux. À cette époque, Vicente Blasco Ibáñez idéalise le peintre et entend devenir son alter ego dans son domaine, les lettres. Entre 1897 et 1901, Sorolla lutte pour obtenir le plus haut prix du système espagnol des Beaux-Arts – la Médaille d’honneur – échouant deux fois de suite en 1897 et en 1899. Blasco lui offre un soutien sans faille depuis les colonnes de son journal El Pueblo. Le lien d’amitié se renforce en 1904 lorsque ce dernier s’installe à Madrid avec femme et enfants, peintre et écrivain sont désormais voisins et semblent alors inséparables. En 1905, Blasco pose pour un portrait en pied que Sorolla souhaite lui offrir ; au cours d’une des séances, l’écrivain tombe sous le charme d’un portrait, souhaitant absolument rencontrer la personne c’est-à-dire Elena Ortúzar, épouse d’un riche industriel chilien. Ce coup de foudre est à l’origine d’un différent entre les deux hommes, en effet Sorolla est un homme très prudent qui ne souhaite pas être associé à un scandale. Ce différent qui oppose les deux amis s’ajoute à d’autres différents plus profonds. En effet, Blasco Ibáñez, franc-maçon, anti-clériclal et anti-monarchiste, a découvert à Madrid un Sorolla courtisan qui fréquente le Palais et l’entourage d’Alphonse XIII afin d’obtenir une commande de la Maison Royale. De février à avril 1906, il écrit en trois mois le roman La maja desnuda dans lequel il s’en prend à un double littéraire de Sorolla, un peintre bourgeois, portraitiste mondain et courtisan. Il s’agit certes d’une fiction mais les personnages sont si facilement identifiables qu’elle crée un malaise dans le microcosme madrilène. J. Fauvey fait toute la lumière sur les identités dissimulées et explique que l’histoire d’amour du roman entre le peintre Renovales et la comtesse de la Alberca s’inspire autant de l’idylle naissante entre Blasco et Elena Ortúzar que d’une liaison ancienne, découverte par J. Fauvey, entre Sorolla et l’actrice María Guerrero. Dans les années qui suivent la parution du roman, la relation entre le peintre et l’écrivain s’envenime mais ne se brise pas. Les deux hommes prennent leurs distances, se rencontrant occasionnellement. Dans la monographie à venir, l’auteur publiera des découvertes essentielles qui apporteront un nouvel éclairage sur Sorolla et son œuvre. »